La taverne du dragon.

Alors que la nuit tombait, un garde entra soudain dans l'auberge qui commençait à se remplir petit à petit de ses consommateurs nocturnes.

"Holà tavernier ! J'ai une annonce de la reine à placarder chez toi ainsi que chez les autres tavernes de la ville ! Débarrasse moi l'un de tes murs rempli de tes croutes obscènes pour que je puisse l'afficher."

"Ben, qu'est ce qui t'arrive gars ? Tu ne peux pas venir boire ce soir alors tu viens refaire ma décoration en m'insultant ?" ricana Ted qui connaissait bien le garde à l'allure si fière. La dernière fois qu'il l'avait vu, il rentrait en zigzaguant chez lui après avoir vidé presque la moitié d'un tonneau de bière.
Il se dirigea malgré tout vers le mur de gauche pour enlever quelques un de ses tableaux d'un goût douteux pour y laisser la place de placarder l'annonce que tenait le garde.

Message précédent.

Assailli par la pluie torrentielle qui s'était peu à peu abattue sur la ville après son rude combat contre Feanor, Eldoniel arriva rapidement en vue d'un établissement nommé "La taverne du dragon". Sachant que la pluie battante ne l'aiderait pas à récupérer, il sacrifia un peu de prudence contre un moment de repos, dans la chaleur de cet abri.

A l'intérieur, l'ambiance était plus calme et reposante que ce à quoi il aurait pu s'attendre, mais pourtant son entrée ne fut pas si remarquée que ça, les clients étant la plupart du temps au moins aussi louches que lui. La nuit n'en était pas encore à la moitié, la taverne n'était donc pas encore très peuplée. A une table se trouvait un groupe d'aventuriers de diverses origines se partageant un pactole visiblement important, et que l'arrivée d'une guerrière d'un âge indéfini semblait fortement contrarier. Un vieil homme et un autre qui aurait pu être son fils discutaient en sirotant tranquillement leur boisson à une autre table.

Eldoniel se dirigea vers le bar sur lequel il s'accouda.

"Holà voyageur! Qu'est-ce que je vous sers?"
"Une verre d'hydromel" répondit-il de sa voix basse et froide.
"Et un p'tit verre d'hydromel pour monsieur! Ça fera 19 pièces d'argent!"

Eldoniel posa les pièces sur la table et but tranquillement. La boisson le réchauffait de l'intérieur, lui apportant un regain d'énergie.

"Z'avez l'air plutot bien armé! J'parierais même que vous savez rudement bien vous battre! Ça s'voit à votre attitude, vous savez. J'ai été un aventurier moi aussi, alors j'ai l'œil vous pensez! Enfin bref, j'voulais simplement vous signaler que les gardes de la ville placardent de ces affiches partout dans les tavernes, y'en a une là-bas sur le mur. J'ai pas encore vu c'que c'est, mais ça a l'air important, j'pense que ça pourrait vous intéresser... Si l'coeur vous en dit, allez jeter un coup d'œil!"

Eldoniel n'avait pas bronché pendant le discours du tavernier, mais il avait écouté attentivement. Une fois qu'il eut fini, Eldoniel hocha la tête, vida son verre, et se leva. Passant devant la sortie, il jeta un œil à l'affiche.

*"...mise à mort..." Tiens, une mise à mort d'un groupe de gobelins... Les gobelins offrent des combats totalement sans intérêt, mais ça détend toujours de les tuer... Et puis vu l'importance de la demande, ça doit être bien payé... En plus, ça serait une bonne action, qui blanchirait un peu ma réputation dans cette ville... Enfin bon, on verra ça plus tard, à tête reposée."

Et il sortit. Constatant que la pluie tombait toujours à flots, il décida de se chercher un abri pour la nuit. Parcourant les rues sombres et désertes, il trouva finalement une maison qui semblait inhabitée. Sortant d'une poche intérieure un long fil de fer, il s'affaira à crocheter la serrure, qui ne résista pas plus de quelques secondes. Il entra alors.

La maison plongée dans le noir était effectivement déserte, Eldoniel s'en assura en en faisant rapidement le tour d'un pas feutré. Elle devait sans doute appartenir à une vieille dame, au vu des apparentes habitudes vestimentaires du propriétaire. Celle-ci avait sans doute dû s'absenter pour quelques jours, car il n'y avait rien à manger nulle part. *Ou alors elle est morte il y a peu...* se dit le demi-drow. *Qu'importe!*.

Il monta à l'étage, s'assit dans un fauteuil près de la chambre à coucher, et s'endormit de son sommeil très léger de demi-drow.

Au dehors, la nuit était tombée.
Les quelques personnes qu'il avait croisées dans les rues avaient conseillé à Rowan ce bâtiment pour y passer la nuit. Il avait donc laissé sa monture aux écuries et y faisait maintenant son entrée, couvert de la poussière de la longue route qu'il avait faite pour arriver en la Capitale.
Chacun de ses pas résonna de mille cliquetis de métal tandis qu'il s'approcha du comptoir dans sa lourde armure de plates blanches.

"Tavernier. Ton meilleur vin, je te prie," ordonna t-il en s'accoudant.

Puis, ôtant ses gantelets de fer, il tourna son regard pâle vers la salle. Peu de monde. Un ramassis d'ivrogne et de gueux. Même pas une belle donzelle... Quoiqu'il y avait quelques accortes serveuses... Mais enfin, rien de trépidant. Il eut moue déçue.

C'est alors qu'une espèce de soiffard passa à côté de lui, trébucha et lui renversa une partie de sa choppe sur les jambes...

"Malemort! La peste sois tu, le vilain!" s'écria Rowan en s'écartant de lui, furieux.

Il détestait ce genre de choses. Être souillé... Damnée Taverne! Il irait quérir au Palais un logis digne de son rang dès le lendemain.
Enfin... Après cette espèce de chasse aux gobelins qu'il avait aperçu sur une affiche.

Mais l'ivrogne, s'étant relevé, ne s'en tint pas là. Il s'était levé et "s'essuyait les mains" sur Rowan en bredouillant d'inintelligibles excuses.
"S'essuyer"... C'était une façon de parler. Il voulait certainement lui adresser une gentille tape amicale. Mais c'en fut trop pour Rowan. Il était fatigué, et ce lourdaud l'importunait.
Sa gifle claqua comme un fouet sur la joue du pauvre ère, et ce dernier alla rouler à deux toises de là. Rowan n'y avait pas été de main morte:

"Du large, le manant! Je n'ai que faire de tes excuses. Ni de tout ce qui sort de la chose puante qui te sert de bouche... "

Se fichant éperdument que tous les clients de l'auberge le regardaient avec un air outré, ou ahuri, il se retourna vers le tavernier:

"Il arrive ce vin?"

Et voilà, il était de méchante humeur maintenant!
Mais ne l'était-il pas déjà en entrant?

Ted fut prit de court... non qu'il soit surprit de l'accès de violence du chevalier -des bagarres, il en voyait tous les jours...-, non, ce qui l'étonna le plus c'était la façon... bizarre de s'exprimer de Rowan.

"Vous v'lez quoi donc m'sieur ? improvisa il pour ne pas paraître trop idiot.
Du vin que vous dites ? Bah disons que du vin on en a mais je savions point si ça conviendra à votre seigneurie...m'sieur."

Au fond de lui même, il était assez fier d'avoir assez de culture pour converser avec toute sorte de clients. Le résultat de nombreuses minutes à tenter d'apprendre à lire autre chose que les menus qui lui donnait un avantage certain sur bien des gens du peuple et avait ainsi procuré à cette taverne cette réputation de relais éducatif pour tous les voleurs du coin (et par conséquent lui assurait une bonne réputation car aucun voleur des bas quartiers digne de ce nom ne mettrait les pieds dans un relais d'intellectuels).

Quoi qu'il en soit, il sortit prestement une bouteille de sous son comptoir et la présenta au chevalier.

"Voilà, c'est mon meilleur vin, m'sieur. La Sainte Ravaella... C'est un vin qui approche de la quinzaine d'année et qui vient des vignes des elfes. C'est gens là sont bien plus doués pour faire du vin que pour le boire si vous voulez mon avis..."

En réalité, il s'agissait là d'un vin tout à fait honorable (quoique meilleur au bout d'une centaine d'année comme les elfes le soulignaient toujours désespéré en voyant la vitesse à laquelle les commerçants humains écoulaient leurs stocks... Ils avaient toujours du mal à expliquer aux hommes le concept d'acheter un stock pour deux générations futures...) mais l'allure et la prestance du grand homme évoquait plus un roi puissant au tavernier fatigué qui n'avait jamais vu plus distingué qu'un capitaine de garde dans son établissement.

"Je suppose que vous dirigez l'expédition qui part demain monseigneur ?" ajouta il pour faire la conversation.

Oyant les paroles du tenancier, Rowan se radoucit quelque peu. Le vocable de l'homme avait beau être assez rustaud, il témoignait au chevalier le respect qui lui était dû.
Cela lui plaisait.
Il rit même de bon coeur à sa galéjade au sujet des elfes et de leur vin.

" Il est vrai que je ne vois nul ivrogne aux oreilles pointues dans ton établissement."

Et c'était bien dommage. Mais fort peu étonnant. Les elfes étaient réputés pour être gens de qualité... et leurs femmes fort jolies.

"Sers m'en donc une coupe pleine, l'aubergiste. Le voyage m'a asséché. La route est longue depuis MontGris. Cela conviendra parfaitement."

Puis, quand l'autre lui parla de l'expédition des gobelins - car il devait faire allusion à cela - il eut un sourire flatté. Ce roturier savait y faire pour amadouer ses clients:

"Tu supposes mal, mon ami. Je viens d'arriver en Cynesta. Mais quand bien même on me le proposerait, je ne dirigerais point une poignée d'hommes destinés à aller occire de lamentables gobelins.
C'est un travail de troupier. N'y a t-il point une quête plus glorieuse à accomplir par ici? Je pensais pourtant qu'en la Capitale, l'on pouvait trouver défi plus élogieux. Que sais-je? Un ogre?... Un dragon, pourquoi pas?"

Il ricana, bien conscient de sa vantardise:

"Une princesse à sauver?"

Goûtant le vin d'un air appréciateur, il opina du chef, signalant là qu'il le trouvait correct. En réalité, il le trouvait plutôt bon, mais se gardait bien de le dire.
Il haussa finalement les épaules avec une certaine arrogance:

"Enfin... J'irai peut-être soutenir cette expédition, si je ne trouve rien de mieux à faire. Après tout, ce sera un plaisir que de protéger les sujets de la Reine... Un devoir, même."

Son oeil s'illumina, et il eut un sourire grivois:

"La Reine... Tu l'as déjà vue, j'imagine. Est-elle belle femme?"

Rassuré par le sourire du fier chevalier, Ted reprit confiance en lui ainsi qu'en ses capacités de communication avec la noblesse.
Heureux d'avoir évité l'affrontement, il alla même jusqu'à offrir la bouteille à "sa monseigneurerie qui enjolivait sa soirée parmi ces pov' clodos habituels".

Après avoir calmé d'un regard noir ses consommateurs mécontents, il revint à son client qui venait de lui demander des informations sur une quête palpitante.

"Oh ben vous savez mon bon seigneur, les princesses à sauver de par ici c'est pas à tous les coins de rues... dans la mesure où nous n'avons qu'une reine sans enfants vu qu'elle est célibataire. Il se pencha un peu en avant en appuyant son propos d'un clin d'oil grivois. Moi je l'avions jamais encore vue mais on dit qu'elle pourrait rendre jalouse n'importe quelle elfette bien proportionnée ousk'il faut. Enfin moi j'dis ça... c'est ce qu'on dit... mais m'est avis que bien des hommes de la ville succomberaient volontiers d'étouffement entre ses deux... hum !!! Excusez moi sir, v'là que j'oublie mon rang... D'autant que c'est une bien belle et gentille dame qui nous gouverne aujourd'hui. La main sur le cœur, c'est moi qui vous le dit ! Elle pense à nous autres petites gens et sait rendre à ceux qui lui rendent un service. Des reines comme ça, bah on n'en verra pas tous les jours c'est moi qui vous le dit... Il jeta un coup d'œil en direction du visage volontaire et aristocrate de Rowan. Enfin, sauf votre respect monseigneur...
Quoi qu'il en soit, si vous voulez de ces aventures que les bardes chantent au coin du feu le soir, j'ai entendu les gardes royaux parler de troubles de par chez les elfes... Il semblerait qu'une sorte de magicien revenu... Il hésita "...d'autres tombes" serait de retour dans un temple oublié et que la fin du monde, blablabla, vous connaissez sans doute la suite... Il n'empêche que ça avait l'air rudement dangereux et qu'il faudrait au moins deux aventuriers accomplis pour oser s'en approcher. Après, moi, c'est que des rumeurs colportées par les gardes ronds comme des billes alors si vous voulez plus d'informations, je vous suggère d'aller voir chez les non buveurs aux oreilles pointues quand vous aurez fini de faire ce que vous avez à faire de par ici."

Réalisant qu'il parlait depuis un moment, il bu un grand verre de lait de chèvre et se remit à nettoyer son comptoir.

Rowan rit aux éclats de la cocasse description du tavernier... Notamment sur l'allusion au risque d'étouffement entre les généreux attributs de la reine. Elle était célibataire en surplus! Pas de mari ni d'enfant? C'était inespéré, et terriblement exaltant.
Après avoir rit, il fronça néanmoins les sourcils, mais seulement pour la forme. Ce n'était pas ainsi que l'on parlait d'une reine.
Puis il écouta attentivement ce que Ted lui dit à propos de cet espèce de nécromancien qui ennuyait les elfes... Bon, la magie, Rowan n'aimait guère cela. Néanmoins, il se devait de faire quelque chose.
Il renifla, prenant un air sévère et soucieux:

"Je me chargerai tantôt de ce magicien d'outre tombe" corrigea t-il. "Peut-être pourrais-je d'ailleurs trouver un équipier lors de la chasse au gobelins de demain. Celui qui me paraîtra faire preuve de plus de vaillance... "

Il réfléchit, terminant sa coupe, et montra à s'en faire resservir une autre en la glissant vers Ted:

" Grand merci pour le vin, au fait.... Dites moi donc, y a t-il un endroit en ville où je peux espérer trouver un mage? Une école de magie, une tour, que sais-je?"

L'on ne pouvait aller affronter un mage annonciateur de la fin du monde sans appui magique, se disait-il.

Le tavernier réfléchit un instant en se grattant le menton après avoir resservi Rowan.

"Bah si vous voulez en savoir plus sur la magie, m'est avis que vous devriez aller faire un tour près du fleuve à côté de la cité. Les mages y ont construit une université où ils apprennent leurs salam...andres ? Enfin leurs tours de magie quoi... Ils vous renseigneront sûrement contre quelques piécettes. Ils ont beau être gras et imbus d'eux même, ils ne crachent jamais sur l'argent que les gens gagnent honnêtement."

Au ton qu'il employa, on sentait bien le mépris que l'homme vieillissant avait pour les mages qu'il prenait pour des charlatant tout en les craignant comme tous les gens du peuple.

"Sinon, pour gagner du temps, vous pouvez toujours demander aux elfes. 'Paraît que ce sont les plus grands magiciens du monde et qu'ils peuvent enseigner quelques magies de soins. Si vous avez dans l'idée de vous frotter au mage du temple, vous devrez y passer quoi qu'il en soit... Ah j'y pense ! Au pire je pense que la bibliothèque contient sûrement quelques bouquins traitant de magie."

Il s'épongea le front, fier d'avoir autant réfléchi pour se rappeler de toutes ces possibilités.

Le chevalier écouta les réponses de Ted tout en sirotant son vin. Puis il opina du chef avec gravité:

"Tu es d'excellent conseil, le tavernier... Il est vrai que les elfes sont réputés pour leur savoir magique. Il sera certainement plus judicieux de faire appel à eux plutôt qu'à une bande de soi-disant érudits, planqués dans leurs écoles, qui me monnaieront leurs services quand bien même il pourrait aider à sauver une nation toute entière... "

Il renifla avec dédain:

"Je n'ai ni l'heur ni l'envie d'aller frayer avec de tels engeances... "

Quant à la bibliothèque, il éluda la proposition. Rowan n'aimait guère la lecture, et encore moins celles qui traitaient de sorcellerie, ou de tout autre sujet un tant soit peu intellectuel...

"Tu as toute ma gratitude pour ces renseignements, mais pour l'heure, je n'ai envie que d'une chose: Un bon bain. Fais moi donc monter cela dans ta plus belle chambre, ainsi que cet agréable petit vin... Je reviendrai une fois propre goûter à ta cuisine..."

Il eut un sourire affable, avant de reboire une gorgée, puis son sourire se fit plus grivois:

"Et si tu as une accorte servante dans ton établissement, sache que je ne serais point contre une gentille baigneuse pour me frotter le dos..."

"Très bien monsieur, je vous prépare le bain et la boisson... pour ce qui est de la jeune serveuse, je suis hélas seul à tenir ce bar et je doute que vous souhaitiez de ma compagnie comme vous souhaiteriez celle d'une jeune demoiselle..."

Le barman partit d'un rire gras en nettoyant un verre et avisa un homme encapuchonné dans un des coins de la taverne.

"Holà Wallon, tu pourrais me chercher un joli petit bouquet, j'ai besoin de refaire la décoration de la chambre de monsieur le sir... Dis bien à ta livreuse d'aller l'installer elle même, j'ai pas le temps pour l'instant."

Il revint vers le chevalier après un hochement de tête du dénommé Wallon et adressa un clin d'œil à Rowan.

"Voilà mon bon monsieur, c'est arrangé, j'espère que vous passerez une bonne nuit en charmante compagnie dans mon établissement."

Il s'inclina bien bas en indiquant les escalier à son client pour lui désigner les chambres situées à l'étage.

Décidément, ce tavernier était plus prévenant et plus adroit qu'il l'avait escompté. Ce n'était point pour lui déplaire. Rowan lui rendit un lent hochement de tête, avec grâce:

"Je l'espère aussi," répondit-il, les yeux rieurs. "Je vais recevoir ces fleurs avec plaisir. C'est réellement une charmante attention de ta part, tavernier."

Il commença à s'éloigner vers les escaliers qui menaient à sa chambre, mais, légèrement ivre, il s'arrêta, et revint au comptoir. Son sourire se fit plus affable:

"Hé, le tavernier, sache que je ne joue d'ordinaire qu'avec mes amis..."

Il sortit deux dés, et eut une moue amusée:

"Permet moi de te compter comme tel... jouerais tu avec moi? Je n'en ai pas souvent l'occasion. Tu me ferais grand plaisir...
Disons... Ce que je te dois pour la chambre, que je paye double, contre une semaine de logement gratuit chez toi?"

Grand sourire, il lui tendit les dés.
Evidemment, ce n'était pas un pari équitable, mais il comptais sur le fait que l'homme était trop provincial pour s'en heurter...

"Allez, jouons. Tu peux gagner prix double sur ma chambrée," insista t-il.

Et oui, Rowan était joueur...

Bien que peu cultivé, Ted avait néanmoins une bonne expérience de la vie...

"Pourquoi pas ? Jouons mon bon sieur, mais trois nuits pour vous si vous gagnez ainsi que le repas, pas plus, il faut bien vivre vous savez."

Même s'il avait toujours son sourire affiché sur les lèvres, ça n'était désormais plus le vieux barman voulant faire bonne impression mais bien le commerçant habitué à marchander pour faire vivre son commerce qui parlait. Il attrapa délicatement les dés et les lança.

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'Dés 6' : 1, 3

Hey? Le tavernier jouait?
Le sourire de Rowan s'élargit. Lui qui s'attendait à un refus. Heureux de pouvoir se divertir, il resservit lui-même sa coupe, pour l'occasion. Puis regarda le score que firent les dés jetées par Ted.
Il eut un gentil ricanement:

"quatre... l'on dirait que la Dame Fortune n'est point avec toi, mon bon... Ce n'est guère très proche du sept."

Ils jouaient tacitement au "sept", un jeu très courant. Celui dont la somme des dés approchait le plus du chiffre sept l'emportait. Les doubles pouvaient être rejoués, et éventuellement faire doubler la mise...
Confiant, il ramassa les dés et les agita dans son poing à demi fermé:

"Vais-je être votre hôte, à titre gracieux, durant les trois prochaines nuits? Ou vais-je payer au prix fort une unique nuit?"

Il adressa un clin d'oeil rieur à son partenaire, et lança les dés à son tour.

"Le sort en est jeté."

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'Dés 6' : 2, 5

Déjà dépité par son lancé particulièrement mauvais, la mâchoire de Ted tomba littéralement lorsqu'il vit le chevalier abattre un sept bien net...

"Bon, vous avez gagné mon seigneur... dit il, ronchon. Il réfléchit un instant puis reprit les dés. Vous m'avez l'air d'un amateur de paris risqués, que diriez vous de doublez un peu la mise ? Si vous gagnez, vous gagnez vos trois nuits, le repas ainsi qu'une armure enchantée que mon grand père gardait précieusement de ses voyages de jeunesse... Si vous perdez, vous me devrez trois nuits, à savoir dix pièces d'or ainsi que l'obligation de travailler comme serveur ici durant une semaine... à vous de jouer si vous suivez."

L'armure avait bien plus de valeur qu'une semaine de service mais il n'en n'avait hélas aucune idée et n'avait de toute façon pas mieux à proposer... pour l'instant.

[HRP : Pour ton lancer, active la fonction lancer de dés en bas du post quand tu écriras la réponse ]

"Et un Sept, un," s'était extasié Rowan après son jeté de dés. Puis il s'était envoyé une bonne lampée de vin.
"La chance sourit aux audacieux, comme on dit. J'ai fort bien fait de te proposer de jouer!"

Les prunelles du chevalier étaient un peu dilatées, et il avait les joues légèrement rosies. Il restait néanmoins totalement maître de ses actions. Il faudrait plus qu'une bouteille de vin - fût-il elfique - pour l'enivrer totalement.

Après avoir observé la réaction du tenancier, il resta un moment silencieux, l'oeil luisant de convoitise, avant d'éclater de rire:

"Tu es perspicace, l'ami. Je suis en effet un grand amateur de risque. Et ta proposition est fort alléchante... Une armure enchantée, dis tu? En plus d'être perspicace, tu es plein de surprise! J'accepte avec joie."

Les yeux rieurs, il se saisit des dés. Il n'avait absolument aucune peur de perdre... Ceci étant, il était bien évidemment exclu qu'il pusse s'abaisser à faire le travail d'un vulgaire serveur, mais en cas d'échec, il trouverait bien une échappatoire.
Seul l'intéressait le frisson du jeu, pour l'instant... Et de gagner cette armure.
Il jeta les dés:

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'Dés 6' : 4, 3

Suant à grosses gouttes, Ted prit nerveusement les dés en main et espéra secrètement faire également un sept pour obtenir une seconde chance de conserver son souvenir de famille auquel il attachait une certaine valeur...commerciale en cas de faillite.

*Bah au pire, ce seigneur gardera une bonne impression de ma boutique et y reviendra peut être...*

Tentant de se persuader en grimaçant, il jeta nerveusement les dés d'une main moite.

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'Dés 6' : 5, 2

"Hey, joli jet, mon beau! Tu ne te laisse point faire! Mon sept n'a point eu raison de toi, semble t-il."

Pris au jeu, Rowan en oubliait la différence sociale qui le séparait de l'homme.
Un homme tenace, qui venait d'égaliser... Il fallait rejeter les dés. Enthousiaste, il sourit à pleines dents, et son regard pâle luisit de joie. Il repoussa la bouteille presque vide vers son camarade de jeu:

"Sers toi donc un verre que nous trinquions à cette bonne fortune. Comment t'appelles tu, au fait? Tu ne t'es point présenté, si? Moi, tu peux m'appeler Jean."

Il ramassa les dés, prêt à les relancer, mais n'attendit même pas une réponse avant de poursuivre, avec une moue seigneuriale:

"Disons que si tu gagnes, je te paierai un serveur pour deux semaines... Une armure enchantée vaut bien cela. Et plus encore."

Et il fit son jet.

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#1 'Dés 6' : 3

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#2 'Dés 6' : 4

Loin de le soulager, cette égalisation mettait à rude épreuve les nerfs du vieux tavernier qui dégluti en attrapant la bouteille de vin. Il but une bonne rasade et tenta un sourire en apprenant qu'il aurait droit à un serveur. Il redoutait effectivement de demander au noble chevalier de travailler gratuitement dans son modeste établissement...

"Je m'appelle Ted m'sieur mais je n'oserai jamais vous appeler par votre prénom grand seigneur, même si j'admets que vous jouez rudement bien aux dés pour un noble monsieur, vous avez gagné mon respect ainsi que celui de beaucoup de mes clients présents, sachez le. Il passa en revue la salle et constata qu'en effet, beaucoup de regards étaient posés sur cette petite partie de dés normalement insignifiante dans un tel lieu. Si je me rappelle bien, au delà d'une égalité, le premier qui ne fait pas sept a perdu n'est ce pas ?"

A peine avait il prononcé ces mots qu'il jetait les dés comme pour se surprendre lui même et s'éviter une heure d'hésitation sur la façon de les lancer.

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#1 'Dés 6' : 4

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#2 'Dés 6' : 6